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Céline Rigaudeau, de professeure des écoles à Coach de Vie au Brésil, grâce à la rupture conventionnelle


Céline RIGAUDEAU, Professeure des écoles en contactant AIDE AUX PROFS en septembre 2021, a obtenu grâce à nos conseils et notre ténacité, la possibilité de partir avec une indemnité de rupture conventionnelle le 1er septembre 2022.

 

Aujourd'hui, elle est pleinement épanouie, et est devenue Coach de Vie et Thérapeute intuitive dans l'état de Bahia au Brésil, au coeur de la magnifique région de la Chapada Diamantina... sa reconversion en fera rêver plus d'un(e)...

 

Interview par Rémi BOYER de l'association AIDE AUX PROFS

 

Quel a été votre parcours professionnel de la fin de vos études jusqu’à votre reconversion actuelle ?

De 2002 à 2022, j’ai été professeur des écoles. J’ai commencé ma carrière en occupant un poste de directrice d’une école en Zone d’Education Prioritaire pendant 3 ans. J’ai
toujours travaillé dans ce contexte de ZEP.


En 2005, j’ai pris 2 ans de disponibilité pour faire un volontariat au Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest. J’étais coordinatrice d’un projet d’alphabétisation en brousse, à plus de 300 km de la capitale. Je suis revenue de 2011 à 2013, pour reprendre mon travail d’instit en France. Puis, j’ai intégré une école privée à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, en septembre 2013. L’année suivante, je rentrais à l’école française où je suis restée jusqu’en juillet 2020. En septembre, je reprenais un poste d’enseignante sur Poitiers où j’ai toujours travaillé. Je suis restée dans l’enseignement jusqu’au 1er septembre 2022. 

 

Durant ces 2 ans qui ont suivi mon retour en France, j’ai enchaîné les arrêts de santé. J’étais également à temps partiel avec une décharge syndicale et un temps partiel pour cumul d’activité.
En effet, lorsque je suis revenue en France en 2020, je sentais qu’il y avait quelque chose qui n’allait plus dans mon travail mais je ne savais pas dire quoi.

En octobre 2020, je commençais à me former (à mon propre compte) en EFT (Emotional Freedom Techniques) puis en juillet 2021, en Psychopédagogie Positive (PNL, Hypnose, CNV, psychologie positive…) et en 2022, à l’IKIGAÏ. En octobre 2021, je créais mon auto-entreprise.

Cumulant les arrêts, j’ai décidé de quitter l’Education Nationale en demandant une rupture conventionnelle que j’ai obtenu à partir du 1er septembre 2022. Même si beaucoup pour pas dire tout le monde me disait, « tu ne l’auras jamais », j’y ai toujours cru.

Aujourd’hui, je suis coach de vie – thérapeute intuitive. J’accompagne les femmes éteintes à oser se choisir et se mettre en mouvement pour incarner leur vraie nature.


Je propose des accompagnements sur 4 et 8 mois au cours desquels vous apprenez à vous connaître, savoir ce que vous voulez, ce dont vous avez besoin pour être heureuse. Nous allons transformer vos peurs et ramollir vos croyances limitantes pour vous permettre d’enfin vivre la vie dont vous rêvez. Je propose également des séances ffash EFT de 30 minutes et régulièrement des ateliers en ligne sur la connaissance de soi, la reconnexion à soi.

Comment se déroule votre reconversion actuellement ? Regrettez-vous d’avoir quitté l’Education nationale, et pourquoi ?

Ma reconversion professionnelle se passe très bien. Je suis très heureuse du choix que j’ai fait et à aucun moment, je ne regrette d’avoir quitté l’Education Nationale. Je suis libre de choisir mes horaires de travail, mes jours de travail, quand je prends mes vacances et d’où je travaille. La liberté totale.


Même si depuis toute petite, je voulais être instit, quand il m’a fallu décider d’arrêter, ce fut une évidence. Je ne me sentais plus à ma place. De mon point de vue, le rythme de l’enfant n’est pas respecté, ses besoins n’ont plus, et ça, déjà, n’était plus en accord avec mes valeurs. Il y avait aussi tout ce côté administratif qui devenait « trop ». Nous passions énormément de temps à monter des dossiers pour des subventions (accordées ou non d’ailleurs). Puis, il y avait le côté où les portes de l’école s’étaient refermées petit à petit sur les parents, sur les intervenants. Nous étions seuls dans nos classes et pour moi, le partage est tellement une richesse.

Alors, oui, être autoentrepreneur, après avoir été fonctionnaire, c’est tout autre chose. C’est différentes activités en même temps. Mais l’enseignant est polyvalent. C’est faire l’administratif, la compta, la communication mais c’est aussi exercer une activité qui me passionne et que je fais sans pression, sans contrainte. Je ne vis pas encore de mon activité et pour autant, j’ai confiance que je suis là où il faut car je me sens bien et je suis épanouie.

Quels projets pédagogiques aviez-vous pu mener dans votre carrière de professeur et desquels êtes-vous le plus fier(e) ?

Réalisation d’un projet de création de CD avec mes élèves de CE1 : prise de contact avec l’artiste, rencontres pour mettre en place et rédiger le projet, concevoir le budget. Relier ce projet avec la vie de la classe et les programmes de l’éducation nationale. Organiser les interventions en classe, le contenu. Organiser la sortie au studio d’enregistrement.

Réalisation d’un spectacle de danse/chants au Centre Culturel Français au Burkina Faso avec les 3 classes de CE1 : soucieuse de faire découvrir le Burkina, terre d’accueil d’une partie de mes élèves j’ai monté un projet avec des artisans locaux : tisseuses, artiste mogare. musiciens et danseurs. Nous sommes allés voir les ateliers des artisans avec lesquels nous avons conçus nos tenues et avons monté un spectacle avec les musiciens. (sens de l’initiative, travail en équipe, adaptation, création, imagination, connaissance du milieu culturel)
 
Je suis fière de ces 2 projets car réalisés dans 2 contextes différents et avec finalement une thématique commune : l’Afrique.

Quelles compétences avez-vous développées durant tout votre parcours de carrière ? Lesquelles vous sont encore utiles actuellement ?

Projet d’alphabétisation et mon poste de directrice : Piloter un projet en gérant les relations avec des partenaires / organisation de réunion / prise d’informations (communiquer, gérer, organiser)

Le travail avec l’ATSEM : communiquer, faire passer les consignes, s’adapter, collaborer, écouter, échanger sur les difficultés des élèves

Au Burkina, j’ai permis à une dizaine de mes collègues de bénéficier (partage, bienveillance, recherche d’outils pédagogiques, bien être, recentration) d’une formation sur le développement de la concentration et de l’attention. Ainsi nous avons pu mettre des outils en place au sein de nos classes pour une meilleure ambiance, un mieux être de nos élèves et du travail qu’ils pouvaient faire.

Soucieuse que mes élèves acquièrent de l’autonomie, de la responsabilité et de la socialisation, j’avais proposé à mes collègues la mise en place d’ateliers autonomes au sein du cycle 1 au Burkina Fsao (recherches pédagogiques, travail en équipe, prise d’initiative, organisation et gestion de la classe innovante)

J’ai rédigé des fiches pédagogiques à l’attention d’enseignants burkinabés : adaptabilité à un enseignement différent, à un public différent, transmettre mes connaissances par écrit, réaliser des séquences.

Aujourd’hui, de part ma nouvelle activité, j’ai développé beaucoup de compétences numériques : montage vidéo, page de vente, campagne de publicités, création et développement de mon site internet mais aussi des techniques de communication (storystelling).
 
Mes compétences telles que l’écoute, la gestion, l’organisation, la communication, l’adaptation, sont toujours présentes et je dirai qu’elles m’aident beaucoup à connaître et répondre aux besoins de mes clients.

Aviez-vous songé à devenir chef d’établissement ou inspecteur ? Indiquez
pourquoi vous n’avez pas été intéressé par une mobilité hors enseignement dans l’Education nationale.

Je n’ai jamais été intéressée par ce genre de poste et quels qu’ils soient. J’aimais être dans ma classe, être sur le terrain, au plus proche des élèves et des familles pour être au cœur de mon métier et répondre au plus juste aux besoins. Je préfère de loin le côté rencontres-échanges que le côté bureaucratique.
Je n’étais pas intéressée par des postes à haute responsabilité pour gagner énormément d’argent et ne pas avoir de vie à côté. Pour moi, il est essentiel de trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle et je ne suis pas sûre qu’avec ce genre de poste ce soit si facile.

Aviez-vous peur de vieillir dans ce métier (oui ou non, pourquoi ?

Je n’avais pas peur de vieillir dans ce métier. Seulement, j’avais du mal à m’imaginer à 70 ans dans une classe de maternelle avec des tables et chaises basses, des enfants de petite taille à qui faire les lacets et donc s’accroupir, se pencher régulièrement ou rester debout plusieurs heures de suite. Ou proposer des parcours de motricité sans pouvoir montrer ce qu’il y a à faire (une roulade par exemple). Je ne dis pas qu’à 70 ans, je ne serai plus capable de faire une roulade mais ce type de motricité enfantine me paraît plus compliquée.


De plus, il y a le bruit en permanence. On s’y habitue certes mais je ne sais pas à 70 ans
comment cela peut être vécu.

Avoir été enseignant a-t-il été un atout ou un handicap dans votre projet de reconversion ?

Avoir été enseignante est un atout dans mon activité actuelle puisque j’ai créé une formation sur la gestion des émotions aux moments des devoirs. Mon expertise en tant qu’instit, me permet à la fois de connaître les besoins, les problématiques des enfants et des parents. La gestion des émotions aussi bien pour les adultes que pour les enfants est au cœur de mon métier et l’était quand j’étais instit aussi. La façon de communiquer et d’écouter est aussi importante que vous soyez instit ou coach-thérapeute.

Que conseillez-vous aujourd’hui à une personne qui souhaite enseigner ?
 
Du courage !!! de la motivation !!! et partir avec l’idée de faire ce métier parce qu’elle a envie, parce qu’elle aime transmettre, être auprès des enfants. Et non pas, faire ce métier pour les vacances parce que si les vacances sont les bienvenues, c’est parce qu’au-delà du fait que c’est un métier passionnant, c’est aussi un métier épuisant.
Savoir aussi que c’est un métier où l’on fait beaucoup de social. Les enfants arrivent
chaque matin avec leur sac rempli de ce qui se passe à la maison et il est important de prendre le temps de les écouter, les laisser s’exprimer. En faire abstraction c’est faire
abstraction de comment il se sent, de ce qu’il a à dire et à évacuer afin d’être disponible pour commencer sa journée de classe. Malheureusement, il est difficile de trouver ce temps là…

Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaite quitter son métier ?

Je lui dis déjà bravo parce que ce n’est pas facile de prendre cette décision ! Après entre le fait de souhaiter et de passer à l’action, il y a un grand pas à franchir. En tout cas, un enseignant qui aujourd’hui, a du mal à se lever le matin, va à reculons en classe, se sent mal quand il est à l’école, pleure en rentrant à la maison, doit en effet, mettre des choses en place pour ne pas sombrer. 

 

Et ce n’est pas au sein de l’Education Nationale qu’il trouvera du soutien…ou c’est rarissimo !


Il y a des peurs (regard des autres, que vais-je faire, sécurité de l’emploi….)et des croyances limitantes (je ne sais faire qu’enseigner, je ne vais jamais y arriver…) à dépasser mais tout est possible quand on se fait accompagner dans cette démarche.

Que pensez-vous de l’action proposée par l’association AIDE AUX PROFS pour aider les professeurs qui le souhaitent à quitter l’Education nationale ?

L’action de l’association AIDE AUX PROFS  est une très bonne chose. Elle apporte des
réponses à des questions. Nombreux enseignants sont passés par là (dont moi) pour avoir des conseils, des supports, la démarche à suivre pour demander la rupture conventionnelle. Elle permet de montrer que c’est possible de quitter l’Education Nationale, que nous ne sommes pas attachés pieds et poings liés à cette institution.

Pour ceux qui souhaitent me contacter pour que je les aide à vivre mieux leur vie, je travaille en visio car depuis 2023, je suis installée au Brésil. Vous trouverez sur mon site toutes ces informations détaillées

 

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