Les mobilités des professeurs sont bloquées par un système qui n'a plus de bienveillance à leur égard. Les ministres précédents n'ont pas assez anticipé la pénurie actuelle alors que les forts départs en retraite étaient prévisibles dans les données démographiques des services du DGRH. Devenir professeur titulaire par concours devient clairement synonyme d'emprisonnement statutaire.
=> Il devient extrêmement difficile d'obtenir une mutation quand on est professeur titulaire.
=> Il est très difficile d'obtenir un détachement autre que de changer de niveau ou de discipline d'enseignement.
=> Il est difficile d'obtenir un congé de formation professionnelle et le financement de son CPF
=> Il est pénible de tenter d'obtenir une disponibilité pour convenances personnelles.
=> Il est compliqué d'obtenir sa démission.
=> C'est un parcours du combattant de demander sa rupture conventionnelle avec indemnité.
TOUTE LA MACHINE "RH" EST EN TRAIN DE SE GRIPPER
Peut-on appeler cela encore "Gestion des Ressources Humaines", quand tout se bloque, et que cela génère de la souffrance au travail chez celles et ceux qui veulent rejoindre leur conjoint(e), ou retourner dans leur région d'origine, rejoindre leur parents âgés, leurs amis d'enfance ?
Peut-on encore parler de "bienveillance" envers les professeurs titulaires ?
Peut-on espérer redonner de l'attractivité au métier de professeur en démontrant que les services RH des académies ne laisseront pas de sitôt repartir celles et ceux qu'ils auront réussi à attirer ?
2022-2023 sera une année cruciale.
Si la revalorisation tant annoncée depuis Jean-Michel BLANQUER déçoit toutes les classes d'âges des professeurs, la Grande Démission qui a touché les salariés aux Etats-Unis, finira par toucher les professeurs en France.
Alors que les pays voisins rémunèrent 1,5 à 3,5 fois mieux leurs professeurs, en leur permettant de partir tout au long de l'année selon leurs projets de mobilité, avec un préavis de 1 à 3 mois, comme dans le privé. Les DRH de l'Education nationale ne semblent pas vouloir les imiter. La France restera-t-elle encore longtemps isolée dans ses pratiques de nécessités de service qui obligent ses professeurs titulaires en souffrance au travail à rester devant élèves ou à perdre leur vie en congés de maladie ou congés de longue durée ?
Nous notons cette année que sur les réseaux sociaux, de plus en plus de professeurs parlent "d'abandonner leur poste si leur démission est refusée pour nécessité de service".
La génération des 20-40 ans n'hésite plus. Celle qui l'a précédée attendait sagement sa fin de carrière en prenant des congés maladie de temps en temps, en prenant son mal en patience, et les syndicats comme l'administration, s'étaient habitués à ce fatalisme, en serrant la vis des envies de départs.
Mais les temps changent, et le numérique avec les réseaux sociaux a libéré la parole de ceux qui, auparavant, subissaient leur situation en ne l'exprimant que face à leurs conseillers syndicaux, bien souvent impuissants à aider tous ceux qui les sollicitaient.
Le Gouvernement devrait prendre conscience de la crise actuelle du métier de professeur. il a trop attendu en laissant les professeurs perdre en pouvoir d'achat. 30 ans qu'ils attendent qu'on remette à niveau leur pouvoir d'achat à équivalence avec les autres catégories A en matière de primes !
Avec le retour du plein emploi souhaité par Emmanuel MACRON, et qui sera atteint grâce aux forts départs en retraite plus que par la création d'emplois, l'Education nationale va de plus en plus manquer de professeurs si les modes de management et de Gestion des Ressources Humaines actuellement en vigueur ne changent pas, et si les revenus de 100% des professeurs n'augmentent pas d'au moins 30%. C'est au moins 1.000,00 €/mois qu'il manque à tous les professeurs.
Sur 30 ans de perte de pouvoir d'achat, chaque professeur titulaire aura perdu plusieurs centaines de milliers d'euros en regard du revenu des attachés d'administration dont les primes leur permettent selon les ministères de gagner 30 à 70% de plus tous les mois en fixe, sans compter les primes variables selon leurs "résultats" (cf RIFSEEP).
Article sur Libération le 31.08.2022 de Chloé Rabs.
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