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Le Figaro a interviewé Aide aux Profs


AIDE AUX PROFS a été contactée pour apporter son expertise sur l'accroissement des démissions et ruptures conventionnelles constatées chez les professeurs. 

 

La journaliste a réussi à obtenir des chiffres récents de cette tendance qui se confirme depuis 10 ans: le métier le plus beau monde ne l'est plus autant que certains continuent de le répéter pour se boucher les yeux et les oreilles sur la réelle situation des conditions de travail des professeurs, qui se sont aggravées avec la crise sanitaire.

 

En 2008-2009 les démissions représentaient 0,05% des effectifs (ce qui n'empêchait pas les académies d'en refuser beaucoup pour nécessité de service, car les DRH ne savent pas bien gérer les départs).

 

En 2021, les démissions atteignent 0,32% des effectifs, toujours avec beaucoup de refus pour nécessités de service. Le taux est encore très faible, même s'il a été multiplié par 6,4 en 10 ans et que ça ne porte que sur 2.286 professeurs du 1er degré et du 2nd degré.

 

On en sait plus, enfin, sur les demandes d'indemnité pour rupture conventionnelle que peuvent demander les professeurs depuis le 01.01.2020 à leur Recteur ou leur Dasen via un LRAR et non par la voie hiérarchique.

 

En 2020, 1.800 professeurs l'ont demandée (sur 12 mois) et 24% seulement l'ont obtenue, certainement lié aux lenteurs de la crise sanitaire. Ce chiffre est toutefois trompeur puisque l'indemnité demandée entre le 01.09 et le 31.12 d'une année scolaire sera en fait traitée entre le 01.01 et le 30.06 suivants. 

 

En 2021, le nombre est certainement plus important et nous constatons par les centaines de témoignages qui nous parviennent par les réseaux sociaux que le taux ne dépassera pas les 20%.

 

95,5% de nos adhérents ont obtenu leur IRC en 2020 et 67% en 2021. 

 

Le titre de l'article est trompeur lui aussi "ces enseignants à bout de souffle qui décident de se reconvertir". Ces professeurs sont loin de l'être tous, car certains ont pris leur décision en toute sérénité pour ne pas avoir à vieillir dans le métier le plus beau du monde où la santé au travail n'est contrôlée que par 82 médecins pour 869.000 professeurs et où il n'y a aucun allègement possible en fin de carrière en-dehors des RQTH et des Postes adaptés (PACD puis PALD).

 

Deux de nos anciens adhérents ont témoigné dans cet article, Véronique et Muriel.

 

Avec une Education nationale et des partis d'opposition qui promettent de recruter des retraités pour compenser les manques de professeurs, cette profession est vraiment mal barrée en 2022. Et la question des salaires est un serpent de mer, avec plus de 40% de perte de pouvoir d'achat depuis 30 ans. Assurément, aucun gouvernement n'a jamais les moyens d'assurer le rattrapage salarial des professeurs, et c'est la raison pour laquelle les démissions augmentent. Et c'est tout-à-fait sain, et normal.

 

L'ARTICLE EN LIGNE

 

De l'espérance à la désillusion, voilà comment se déroulent 80% des demandes d'indemnité pour rupture conventionnelle (IRC) depuis le 1er janvier 2020.

Les Recteurs et les Dasen sont très radins avec les professeurs: leurs directives aux DRH est de n'accorder que le montant plancher prévu par les décrets, au lieu d'aller jusqu'à 2 années de salaire brut, et notamment pour ceux qui ont beaucoup d'ancienneté.

 

Les professeurs sont une nouvelle fois les dindons d'une très mauvaise farce. Quel mépris de leur professionnalisation, de leur niveau de diplôme et de leur loyauté durant toutes ces années avant de demander à être financés pour rebondir en toute confiance ailleurs !

Au sortir du confinement du premier semestre 2020, l'Education nationale avait eu l'idée de récompenser les professeurs les plus investis avec leur propre matériel (ordinateur, téléphone, imprimante, ordinateur) par des badges. 

 

Le tollé a été tel que cela a été abandonné, mais il en reste des traces dans toutes les consciences. Augmenter les professeurs, "ça coûterait un pognon de dingue". Ils sont si nombreux, et depuis 30 ans, aucun gouvernement ne s'est sérieusement attelé à un rattrapage salarial digne de ce nom pour toute cette profession !

Les Dasen et les Recteurs accordent les sommes planchers prévues par les décrets sur l'Indemnité de Rupture Conventionnelle, sans négociation possible. C'est une dévalorisation, un véritable mépris de ce qu'aura été l'investissement du professeur, quelle qu'en soit la durée.

Avant la crise sanitaire, une réforme des retraites promettait de précariser encore plus les professeurs en fin de carrière en leur retirant leur principal avantage: une pension civile calculée sur leur dernier salaire brut.

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