La majorité des demandes de rupture conventionnelle des professeurs a été refusée en 2020-2021 après 76% de refus en 2019-2020. La Loi Dussopt qui présentait cet Article 72 comme une opportunité pour qui veut quitter la fonction publique, n'a pas tenu ses promesses ! La Loi Dussopt a retiré aux syndicats leur pouvoir de cogestion: c'était certainement son objectif principal. L'amertume est grande en cette rentrée 2021 dans les rangs des professeurs qui avaient un projet solide, et pourtant refusé.
L'Education nationale a conçu un protocole de fonctionnement millimétré, supervisé par des hauts fonctionnaires habitués à tout refuser sans aucun état d'âme, tellement leurs primes sont importantes pour leur permettre de rester insensibles. Et c'est ce qu'ils ont continué, massivement, de faire. Ainsi avons-nous vu passer des projets solides mais refusés, car l'indemnité dépassait les 25.000,00 €...
Les raisons invoquées sont incompréhensibles:
- "L'académie n'a plus de budget"
- "Votre projet n'est pas prioritaire" (ça remplace le fameux "refus pour nécessité de service")
Il est systématiquement proposé au professeur recalé de "prendre contact avec le conseiller RH de proximité pour "l'accompagner dans un projet professionnel", alors que justement le Conseiller RH en question n'a pas son mot à dire en cas d'IRC refusé par sa hiérarchie ! On marche sur la tête, ce système RH dégoûte des professeurs expérimentés qui se promettent de faire autrement.
Sur les réseaux sociaux, "l'abandon de poste" n'est plus un tabou pour les jeunes professeurs de moins de 10 ans d'ancienneté. Pire: on y lit de nombreux regrets de "s'être fait avoir à ce point en préparant le CRPE, le Capes, l'agrégation". Cela ne donnera pas envie aux étudiants qui tombent sur ce genre de propos.
L'Education nationale a manqué une nouvelle occasion de se faire apprécier de ceux dont elle dit gérer la carrière. Mais quelle carrière ? Elle a à peine de quoi proposer des "secondes carrières administratives" à 2% d'une génération de professeurs. Alors que plus de 40% de professeurs, quand on les interroge, disent vouloir faire autre chose après 8 à 10 ans d'ancienneté.
Les déçus de la Rupture Conventionnelle en concluent donc que vouloir quitter le métier le plus beau du monde (qui y croit encore, un métier dont on vous empêche de repartir ?) n'est pas un projet professionnel valide.
Les refus prennent aussi pour motifs ces impératifs:
- Avoir déjà obtenu le diplôme qui permettra la reconversion immédiate (car l'Académie n'a pas envie de financer un ancien professeur au chômage, l'Allocation de Retour à l'Emploi étant financée sur le budget académique, ça limite d'emblée la portée de cette Loi Dussopt).
- Avoir l'assurance d'être recruté(e) à la rentrée.
- Avoir l'assurance que la création d'entreprise a été conçue sérieusement. La personne doit fournir son business plan (quel haut fonctionnaire est pertinent pour juger de la validité d'un tel document, n'ayant jamais eu lui-même à se lancer courageusement dans une création d'entreprise ?), ses moyens de financement (!!!) alors que justement elle espère financer avec son indemnité.
L'indemnité proposée est systématiquement au plancher alors que la Loi Dussopt prévoit jusqu'à 24 mois de salaire en montant plafond. Nous avons bien lu pourtant comme chacun le libellé de ce décret n°2019-1596 du 31.12.2019 en article 3: "Le montant maximum de l'indemnité prévue à l'article 1er ne peut pas excéder une somme équivalente à un douzième de la rémunération brute annuelle perçue par l'agent par année d'ancienneté, dans la limite de vingt-quatre ans d'ancienneté.". Donc logiquement salaire moyen annuel x 24
Mais le mode de calcul du décret est pernicieux en réalisant un décompte par intervalle de temps d'ancienneté, et le plafond demeure la Grande Illusion ! Le montant annoncé le plus souvent correspond au montant maxi divisé par 2,5 à 3. Une misère. ("prends le peu d'oseille qu'on te propose et tire-toi puisque tu veux partir", en gros).
Alors si c'est pareil pour la promesse de meilleures retraites avec la Réforme des Retraites souhaitée par le Gouvernement avant mai 2022, il y a de quoi s'inquiéter.
Les réseaux sociaux sont nourris de témoignages de professeurs dont l'IRC a été refusée, et le mécontentement est à l'oeuvre. Nul doute que cela contribue à réduire l'attractivité du métier de professeur, tous ces refus, ce manque de reconnaissance après tant d'années d'investissement au service d'une Education nationale qui ne sait pas optimiser la Loi Dussopt.
Les académies auraient pu en faire un moyen de valoriser des personnels qui par leurs bons et loyaux services, ont fait honneur à leur fonction. Non, même pas. C'est juste une question d'argent. Et pendant ce temps, les milliards coulent à flot pour le financement du CPF dans le privé, alors que les professeurs eux, peuvent juste compter leurs heures de CPF sur leur compte personnel de formation, sans pouvoir y toucher.
La galère pour obtenir son IRC
Pour être accompagné(e) malgré tout dans le 110 mètres haies conçu par l'Education nationale pour vous empêcher de partir, contactez-nous, pour évaluer vos chances de l'obtenir. Nous maîtrisons maintenant, après 2 ans d'accompagnement de plus de 40 projets, les processus de sélection de la majorité des académies et avons obtenu un taux d'au moins 65% de satisfaction en 2021 et 95% en 2020 (contre un taux moyen de 24% en 2020 pour toute les demandes formulées, le chiffre de 2021 n'étant pas connu, et sans doute pas avant mai 2022).
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