Fidèle à l'association Aide aux Profs dont il suit le projet attentivement depuis sa toute première rencontre avec Rémi BOYER le 9 mars 2009 au colloque d'Amiens de l'AFAE qu'il présidait alors, Alain BOUVIER nous présente sa 11e chronique qui aborde avec réactivité la manière dont le Gouvernement et la haute administration abordent ce reconfinement de rentrée de Toussaint pour tous les salariés... à l'exception des professeurs placés en première ligne, comme autrefois les poilus dans les tranchées.
NOTRE POINT DE VUE SUR LE RECONFINEMENT DECIDE LE 29.10.2020 :
Aide aux Profs trouve illogique cette stratégie du Gouvernement de recommander le télétravail 5 jours sur 5 pour tous les salariés, tout en laissant les écoliers, collégiens et lycéens aller en classe avec tous les professeurs et les personnels d'éducation, d'entretien, de restauration, de direction, cela en fait du monde !
Tout est précipité, et ce que redoutent le plus les professeurs, c'est la masse et ses inconvénients en termes de contaminations. Si les élèves au retour de l'école rapportent à leurs parents le Covid19, où aura été le bénéfice de les laisser en télétravail ? Si les parents contractent malgré tout le Covid19 et en contaminent leurs enfants, ce seront des clusters scolaires qui se développeront.
On a bien vu avant les congés de Toussaint que l'omerta règne pour masquer le plus possible aux professeurs le nombre de cas positifs parmi les élèves, cette opacité laissant chaque professeur seul face à ses angoisses d'être contaminé à son tour, sans savoir par lequel de ses élèves, alors qu'il aurait pu prendre d'infinies précautions s'il avait su quels élèves avaient été positifs au virus 7 jours avant leur retour en classe... durée moyenne de retour après avoir été positif pour un élève.
Alors que le MENESR voulait redonner de l'attractivité au métier de professeur en déployant un dispositif très fourni en "référents de proximité" (postule qui veut, formé 2 jours, assurant via 3 heures supplémentaires une écoute de proximité faite d'attention aux difficultés sans avoir de diplôme de psychologue ni de coach pour la majorité des profils recrutés, avec pour seuls conseils de changer de discipline, de devenir chef d'établissement, d'aller prospecter sur la place de l'emploi public ou d'aller passer un autre concours...), dispositif très coûteux et certainement pas pérenne puisqu'il dépendra de la politique de chaque nouvelle majorité dans les quinquennats à venir, c'est le contraire qui va se produire: le métier de professeur va devenir répulsif, puisque les professeurs doivent "garder les enfants de ceux qui travaillent".
Conseiller Mobilité ou Référent de Proximité sont pourvus par nomination et non par concours, ils sont donc tous sur des sièges éjectables et placés sous le joug de Dasen, de Drh et de Recteurs dont ils ne peuvent en aucun cas contester les refus par nécessités de service que ces hauts fonctionnaires multiplient à l'envi pour "tenir leurs effectifs". Ils ne pourront donc pas réellement assurer les missions qui relèvent de conseillers mobilités classiques, mais seront juste les fidèles soldats d'une administration qui les soumet à proposer juste les possibilités de rester dans le système, pour rester fidèle aux bons vieux adages "qu'un fonctionnaire fonctionne", et "qu'un professeur est fait pour enseigner".
La GRH de proximité se révèle déjà un beau miroir aux alouettes, la seule intention de ce dispositif étant de limiter le nombre de départs de professeurs alors qu'on en manque.
Les académies sont débordées de demandes d'indemnités de rupture conventionnelle depuis janvier 2020, qu'elles traitent avec 6 à 9 mois de retard actuellement, n'en accordant qu'à peine 30% avec des montants planchers, contredisant en cela le décret du 31.12.2019 qui prévoyait d'accorder ces indemnités en fonction de l'ancienneté acquise... et l'administration d'appliquer systématiquement la somme la plus basse possible, sans laisser possible la moindre négociation.
GRH de proximité ? Aucune empathie de ce côté là, l'administration conserve ses vieux réflexes, ce qui prouve bien que cette GRH de proximité est juste factice, pour amadouer les professeurs et donner envie aux étudiants de le devenir.
Mais voilà, la politique qui consiste à exiger des entreprises un télétravail 5 jours sur 5 pour protéger leurs salariés, tout en laissant les professeurs et les élèves en présentiel, sera très contre-productive dans cette volonté de vouloir redonner de l'attractivité au métier de professeur.
Cette politique hasardeuse, risquée en termes de clusters potentiels dans les écoles, collèges et lycées, risque de détourner des dizaines de milliers d'étudiants dans les 2 années qui viennent du métier de professeur, et d'accélérer la montée en puissance de la contractualisation des professeurs.
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