Sébastien CHAUCHOT a démissionné en Janvier 2017 pour créer son entreprise de photographe indépendant.
Aide aux Profs:
Quel professeur as-tu été ?
SC:
Professeur des écoles de 2000 à 2017, j'ai enseigné 17 ans en école primaire. J'ai occupé les postes de chargé d'école pendant 3 ans, coordonnateur de réseau rural pendant 3 ans, puis directeur sur deux écoles successives en ville à Vitry le François, pendant 10 ans. J'ai occupé un peu tous les niveaux de la PS de deux ans au CM2, en passant par la CLIS. Puis un an et demi à mi-temps, j'ai démissionné en janvier 2017.
Aide aux Profs:
Pour quelles raisons as-tu eu envie de partir après ces 17.5 ans d'enseignement ?
SC:
J'ai senti dès mes premières années de direction que ça ne pourrait pas coller... trop de pression administrative, humaine (quartiers défavorisés), je me suis donné à fond mais je me suis heurté à la réalité sociale qu'on ne peut pas changer, aux directives insensées et contradictoires de l'administration, ainsi qu'à son manque de confiance en son personnel, au manque de marge de manoeuvre, au poids gigantesque des enquêtes et dossiers à remplir. Petit à petit je me suis rendu compte que mon métier ne servait à rien, ou très peu de chose (déchargé à 3/4 temps sur ma deuxième direction, je ne faisais plus que de l'administratif - relationnel - social).
Aide aux Profs:
L'administration t'a-t-elle aidé ? A-t-elle tenté de bloquer ton projet ?
SC:
L'administration n'a jamais aidé personne en difficulté, ni moi ni d'autres que j'ai connu. Lorsque j'ai présenté ma démission le 2 janvier 2017, l'inspectrice m'a simplement dit qu'il y avait un délai de trois mois, pour attendre une éventuelle réponse, ou pas de réponse.
En tout cas pas d'aide, pas de demande d'entretien, rien ... à croire qu'ils en ont tous les jours et traitent ça comme des mots d'absences.
J'ai donc annoncé que je leur donnais une semaine, et que si je devais retourner à l'école, je me sentais capable de faire un scandale, tout en ayant envoyé un mail à mes responsables hiérarchiques avant pour les prévenir.
J'ai très gentiment promis à l'inspectrice le plus beau scandale de sa carrière, avec perte et fracas médiatique, mettant en lumière le mal-être enseignant, l'absence d'aide de l'administration et un éclairage précis étayé d'exemples de tout ce qui ne fonctionne pas. La devise est toujours "pas de vagues"... Le cas a été réglé en 3 jours, on m'a prévenu le jeudi que c'était ok, ma démission était acceptée, surtout pas besoin de retourner en classe. J'ai demandé le mail de confirmation, qui a suivi une heure après. Il n'y a que cette méthode qui donne des résultats, c'est fou non ? :-)
Aide aux Profs:
Quelle reconversion as-tu réussi ? Qu'est-ce que tu y proposes ?
SC:
Je suis photographe, vidéaste, j'aide les entreprises à mieux communiquer sur Internet (reportages photo ou vidéo, illustration, portrait, publications web) et je fais de la photographie dite sociale, c'est à dire les portraits, les mariages, les photos de famille.
J'ai d'abord été auto-entrepreneur puis j'ai fait grossir cette entreprise tout au long de ces années, tranquillement puis avec un gros coup d'accélérateur les dernières années avant de démissionner. Je me suis payé une formation marketing à 3750,00 € sur un an, avant ma démission aussi. Jamais reçu aucune aide ni subvention, au contraire je suis parti de l'EN avec des dettes puisqu'ils m'ont payé un an d'indemnité de direction en trop , que j'ai du rembourser une fois sorti.
Un conseil : l'auto-entreprise c'est bien si on reste petit, qu'on le fait en plus d'un autre job et qu'on n'a pas de charges. Sinon, ça empêche d'avoir des aides le jour où on passe en SARL ou SAS : "Ah mais monsieur ce n'est pas création, vous aviez déjà une auto-entreprise avant...". Bien faire attention donc et se faire accompagner par des gens qui connaissent le terrain.
Voilà c'est fait. Pour rien au monde je n'y retournerais, je suis libre et indépendant et c'est ce que je préfère avant tout.
Ses sites web:
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Sébastien (vendredi, 05 juillet 2024 09:12)
Peut on être photographe artisan en tant que micro entrepreneur tout en étant prof des écoles? Il y a un flou avec la possibilité de cumuler avec la production d'oeuvres d'art qui correspond au statut de photographe auteur
Aide aux Profs (mercredi, 10 juillet 2024 00:06)
Bonjour Sébastien,
C'est possible seulement en prenant une disponibilité pour créer votre entreprise de photographe.
Ce type d'activité ne relève pas des activités accessoires de type "enseignement et formation". Sauf si en tant que photographe, au lieu de faire et vendre des photos, vous assurez des séances de formation pour un public extérieur à l'éducation nationale, ça deviendrait alors possible, dans la limite de 6h par semaine en moyenne annuelle.
Il n'y a aucun flou dans les textes concernant la production d'oeuvres d'art.
Tout enseignant a le droit d'avoir une activité artistique, dès lors que c'est bien artistique, et non pas commercial.
L'activité de l'artiste s'expose dans des expositions, des salons collectifs organisés par des associations, des mairies et autres personnes morales. L'artiste peut alors vendre ses oeuvres et ce n'est pas compté comme activité commerciale, puisque la vente se fait lors d'évènements ponctuels, et n'est pas systématique.
Si par contre l'artiste en question veut monter un site internet et y vendre ses oeuvres, ou encore proposer ses services à la demande et faire des photos pour des particuliers, des entreprises, des collectivités, il est obligé de demandé à créer une micro-entreprise ou tout autre statut d'entreprise. Celle-ci ne relève pas de l'activité accessoire, car pas prévue par les textes en vigueur, dont le contenu a été plusieurs fois remanié à la baisse pour les activités qu'il est possible d'exercer, depuis les aménagements accessibles aux fonctionnaires dans les décrets de 2007 puis de 2009 et de 2011.
Il faut savoir que cette possibilité pour un fonctionnaire de créer une entreprise demeure fragile en regard de son statut d'agent de l'Etat, et peut être remise en cause à tout moment par un ministre de l'Education nationale qui considèrerait que l'activité principale de l'agent doit primer sur tout le reste, une activité parallèle de type entreprise l'exposant à déroger à la déontologie requise de tout agent public.
Cela a été une libéralité depuis 2011, que nous avions obtenu de la DGRH Josette Théophile, de pouvoir créer une auto ou une micro-entreprise dans le cadre d'un cumul d'activité, et le champ des activités possibles a forcément été réduit tant que l'agent continue d'exercer, sans prendre de disponibilité pour création d'entreprise.
Depuis la mise en place du Pacte, nous constatons que l'administration préfère refuser toutes les demandes de cumul d'activité qui lui sont adressées, considérant que si le professeur veut gagner plus, il n'a qu'à souscrire plusieurs briques du Pacte, notamment pour assurer le remplacement de ses collègues en congé maladie ou en sorties pédagogiques.
Cordialement.