A l'occasion de la publication de son nouvel ouvrage "Propos iconoclastes" aux Editions BERGER-LEVRAULT, AIDE AUX PROFS a interviewé Alain BOUVIER:
Après avoir occupé de nombreuses fonctions dans la formation, vous êtes devenu Recteur. Si vous n’avez pas enseigné vous-même à l’école, au collège ni au lycée, quelle perception avez-vous de leur quotidien professionnel ?
Au tout début de ma carrière (1967), j'ai enseigné dans des classes très particulières, en math sup puis en math spé. J'ai presque immédiatement commencé à travailler avec des écoles maternelles, des écoles primaires, des collèges, des LEP, des lycées, à différents titres, pour la formation initiale de mes étudiants et en formation continue d’enseignants puis de CPE et de cadres. J'étais omni présent sur le terrain et souvent dans des classes. J'avais la curiosité d'un anthropologue et j’intervenais, le plus souvent en équipe, dans des logiques de recherche-action. Il me serait facile de détailler tout cela !
Du blog à cet ouvrage, vous vous êtes affranchi du devoir de réserve qui soumet tous les hauts fonctionnaires de l’Education nationale. En quoi était-ce important pour vous de pouvoir le faire, que ressentez-vous aujourd’hui ?
Je ne me suis jamais censuré ; si je n'avais pas pu librement m'exprimer j'aurais démissionné. Dans certaines fonctions (syndicat, IREM, MAFPEN, IUFM...) des pressions pour me faire taire venaient souvent de mes collègues, ce que nous pouvions trancher par des votes. Aujourd'hui je me sens lié à aucun groupe de pression et donc, d'une certaine façon, je n'ai pas d’adversaire ; seul compte l'expression de ce que je retire à travers 50 années d'expériences professionnelles, pas seulement en France et de recherches très variées.
Quels sont les thèmes qui vous paraissent les plus importants de vos propos iconoclastes ? Quelles sont les urgences actuelles ?
La lutte contre les nombreuses hypocrisies qui ont en commun de ne pas tenir compte de l'intérêt des élèves et la collusion entre les deux bureaucraties, étatique et syndicale, chantres de tous les statu quo.
La GRH dite de proximité nomme des référents issus principalement des rangs de l’administration : qu’en pensez-vous ?
Ce qui importe ce n'est pas leur origine ; tout le monde peut évoluer et progresser. L'important est la mission qui leur est confiée et le cadre réglementaire dans lequel elle s’exerce. Or, le plus souvent, ce second point est parfaitement contradictoire avec le premier.
Le mode de management exigé depuis 20 ans des inspecteurs, des administratifs et des chefs d’établissement a eu pour effet d’accroître le stress de tous les acteurs, notamment les professeurs. Le bien-être au travail dans ces conditions relève-t-il de l’inaccessible ?
Il faut distinguer ce qui est la conséquence des évolutions de la société occidentale et de la pression qui s'exerce sur toutes les organisations publiques et privées tenues à des résultats, avec ce qui est ou serait spécifique au milieu pédagogique.
Vous préconisez le recrutement des professeurs sur profils. Comment, et quels en seraient les avantages ?
Pour tout acteur, l'essentiel de son action est directement tributaire de son environnement immédiat. Les conditions d'enseignement dans le 93 ou en milieu hyper rural dans le Cantal ne sont pas les mêmes et ne demandent pas les mêmes compétences !! Le terrain, autour des chefs d’établissements, serait en mesure de définir les profils nécessaires chaque fois qu'un poste est libéré et le recrutement pourrait être organisé au niveau de l'académie. Il y a depuis longtemps une timide amorce de cela avec le recrutement des PE, sur concours académiques et affectation départementale. C'est déjà un peu plus flexible. Le système y gagnerait en termes d'efficacité, mais les personnes aussi puisqu'elles seraient sur un poste correspondant à leur profil.
CONSULTEZ CI-DESSOUS LE FLYER DE L'OUVRAGE D'Alain BOUVIER:
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