Les hussards noirs de la République chers à l'ancien Ministre Vincent Peillon (2012-2014) ont vécu. Il ne s'agit plus de recruter des Grognards pour monter au front, mais de donner envie d'exercer ce métier, et comment ?
Professeur ne peut plus être le métier d'une vie, 44 ans de carrière, c'est devenu long.
Le métier de professeur exige tant d'énergie, puisée au fond de soi, heure de cours après heure de cours, autant en préparation qu'en énergie devant ses élèves, 9h à 24h par semaine selon son grade et son niveau d'enseignement, et notamment dans les établissements sensibles (REP, REP+, RAR, ECLAIR, etc), que ce métier ne pourra pas préserver le bien-être au travail de tous les professeurs dans de bonnes conditions au-delà de 55-60 ans.
Les élèves auxquels enseignent les professeurs sont débordants d'énergie, et dans les niveaux auxquels ils interviennent, ils ont toujours le même âge. Les professeurs, eux, vieillissent chaque année, d'un an de plus, c'est tellement évident que nous finissons par oublier cette réalité.
Le corps se fatigue après 55 ans, la voix s'épuise voire se casse, le moral se réduit, le découragement pointe, avec cette retraite qui tous les 5 ans au fil des réformes, s'éloigne, toujours un peu plus, avec des gouvernements qui se succèdent pour rivaliser d'ingéniosité pour faire travailler plus longtemps tous les actifs, tout en réduisant le montant des pensions, revalorisées ensuite à peine quelques dizaines d'euros par an... une obole.
Alors, comment redonner de l'attractivité au métier de professeur puisque depuis au moins 2016 et pendant près de 30 ans, plus de 60% des professeurs actuels partiront en retraite ?
Plus de 90% des professeurs qui partent actuellement à la retraite, partent entre 57 et 62 ans. Mais lorsque ceux qui ont dû obtenir un Master 2 pour devenir professeur à 22 ans au mieux, devront travailler jusqu'à 66 ans, voire 70 ans pour ceux qui le sont devenus à 26 ans, après plusieurs échecs au concours ?
Non, nous ne l'imaginons pas. Les milliers de professeurs qui nous contactent chaque année le disent tous: ils anticipent. Ils partent avant pour ne pas avoir à souffrir comme certains de leurs collègues professeurs qui n'intéressent plus un recruteur après leurs 50 ans. "Trop vieux, trop payés". Nous accompagnons beaucoup ces professeurs pour lesquels n'existe plus de solution comme salariés en interne ou en externe, à créer une activité qui pourra leur permettre de partir en retraite dès l'âge légal, tout en bénéficiant d'un complément de retraite.
C'est devenu essentiel pour un professeur d'anticiper en créant une activité complémentaire, s'il n'a pas eu l'idée d'investir dans des placements immobiliers ou boursiers, ou s'il n'a pas l'assurance d'un héritage consistant pour lui éviter la précarité quand son revenu brut mensuel sera divisé par deux (1300,00 € par mois nets après 44 ans de carrière pour un PE resté en classe normale, ça le fait ?)
Alors comment redonner de l'attractivité pour éviter la pénibilité des fins de carrières, avec ces professeurs nombreux à souffrir de TMS en fin de carrière ?
Comment redonner de l'attractivité à un métier dont il est si difficile de repartir, et surtout en cours d'année scolaire, soit 10 mois par an, ne laissant à ceux qui s'y entêtent, que les mois où toutes les entreprises sont en vacances ?
Pour redonner de l'attractivité au métier de professeur, ce que tout acteur de l'économie sociale et solidaire souhaite, il est important de RECRUTER BEAUCOUP PLUS DE CONTRACTUELS qu'actuellement, au moins 1 professeur sur 2, pour que le turn-over puisse enfin augmenter dans le métier de professeur, sous forme de contrats d'une durée de 2 à 6 ans, renouvelables, pour rajeunir les troupes, et faire de ce métier une profession plus dynamique, qu'un maximum de personnes, autant d'hommes que de femmes, viendraient exercer entre leurs 21 et leurs 55 ans.
Nous avons proposé cette idée en Juin 2015 dans notre contribution à cet ouvrage paru dans la Collection Cadre Service Public, diffusée à tous les cadres des 3 fonctions publiques.
La fin de carrière du professeur affecté en école et au collège sera parfois épuisante. Si le système avait pensé la retraite des instituteurs à 55 ans autrefois, c'est que leur investissement le méritait bien, toutes ces années. Les professeurs des écoles qui leur ont succédé partiront au mieux à 62 ans, et peut-être plus souvent entre 65 et 70 ans s'ils veulent décrocher cette pension à taux plein, s'ils ne sont pas épuisés avant.
APRES PROF propose une grande transformation dans la fonction publique de l'Etat au niveau de l'Education nationale: LA MOBILITE DES PROFESSEURS TOUT AU LONG DE L'ANNEE, CORRELEE AUX CONGES SCOLAIRES qui serviraient alors de périodes de tuilage entre le départ de celui qui veut évoluer ailleurs, hors Education nationale, et l'arrivée de celui qui veut enseigner, même pour une courte durée.
Le regain d'attractivité est là, dans cette idée, du fait de la masse des professeurs à recruter. Ce métier ne peut pas rester un aller sans retour pour rester dans une bulle.
Le métier de professeur souffre d'un manque de flexibilité, de fluidité tant dans ses arrivées que dans ses départs. C'est cela que mériterait de devenir la "GRH de proximité": une meilleure prise en compte des attentes, des besoins, des CHOIX DE CHACUN(E).
Notre association milite pour cette innovation en France depuis sa création, le 18 juillet 2006. Avec détermination, sans faillir face à l'objectif de faciliter les évolutions professionnelles hors mutations des professeurs quand ils ont envie de les réaliser.
Nos courriers aux parlementaires, députés et sénateurs, et ministres, vont reprendre, afin de sensibiliser plus que jamais la majorité actuelle à cet aspect capital d'une profession qui se voudrait attractive.
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